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Pièce vue le 19 janvier 2019 à la Comédie-Française, salle Richelieu. 

© Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française

 

Me voilà installée salle Richelieu, prête à savourer cette comédie en trois actes écrite par Molière en 1671. Mais Les fourberies de Scapin, ce n'est pas seulement une comédie. C'est la comédie, celle qui a valu à Molière de nombreuses critiques car jugée trop proche de la commedia dell'arte, trop populaire.

Denis Podalydès exploite avec brio ce qui, à l'époque, déplut tant : caractère excessif des personnages, scènes de bastonnade, jeu corporel outrancier, rythme débridé. Cette mise en scène est une farce pleinement assumée qui fait rire du début à la fin ! 

 

© Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française

 

Le rideau s'ouvre et nous découvrons le port de Naples. Octave et Léandre viennent de se marier à l'insu de leurs pères, Argante et Géronte, qui rentrent tout juste de voyage. Les deux fils ne savent que faire : si leurs pères apprennent la vérité, le conflit (générationnel) est assuré ! Heureusement, ils peuvent compter sur Scapin, valet roublard qui excelle dans l'art de la manipulation.

Benjamin Lavernhe interprète avec une énergie folle un Scapin plein de malice : il saute, il chante, il frappe, il crie, il gesticule. Ses mimiques sont désopilantes. Pourtant, l'intelligence de ce spectacle ne réside pas là. Si, pendant 1h45, nous rions de bien des choses, nous rions avant tout du texte de Molière, joliment mis en avant par le jeu vif et juste de l'ensemble de la troupe. 

Les fourberies de Scapin est une pièce de théâtre ; mais c'est aussi une pièce sur le théâtre, une mise en abyme de l'illusion elle-même. Durant l'acte III, Scapin fait croire à Géronte que des soldats le cherchent pour le tuer ; sous prétexte de lui sauver la vie, il le fait se cacher dans un sac et va jouer la comédie dans le seul but de le rouer de coups. L'enthousiasme de Scapin est palpable... Celui des spectateurs aussi ! Adieu chère morale... Et c'est tant mieux ! Cette pièce se dessine comme un véritable défouloir. 

Comique de gestes, comique de langage. Mais pas seulement : cette scène, et la pièce de manière plus globale, est cruelle, voire violente. Didier Sandre interprète ainsi Géronte avec une grande humanité : oui, le père de Léandre est un vieillard avare et égoïste pourtant, nous ressentons de la peine pour lui ; il nous fait pitié. 

 

© Christophe Raynaud de Lage, coll. Comédie-Française

 

Birane Ba dans le rôle d'Octave et Jean Chevalier dans celui de Léandre sont plein de fraîcheur : ils nous offrent à voir deux jeunes garçons naïfs mais touchants. Ils sont drôles, souvent malgré eux. Deux histoires d'amour qui leur donnent des ailes et (ouf !) qui finissent bien (un peu grâce à Scapin, surtout grâce à un petit coup de pouce du destin). 

 

Texte de Molière

Mise en scène de Denis Podalydès

Avec Bakary Sangaré, Gilles David, Adeline d'Hermy, Benjamin Lavernhe, Claire de la Rüe du Can, Didier Sandre, Jean Chavalier, Birane Ba, Pauline Chabrol, Léa Schweitzer

 

 

Tag(s) : #Expériences de spectatrice
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